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De la Grande Muraille à la « grande cyber-muraille » il n'y a qu'un clic, que les
autorités de Pékin viennent de franchir allègrement. S'ils veulent pouvoir travailler en
toute liberté, les quelques 20 000 journalistes qui s'apprêtent à couvrir les Jeux
olympiques de Pékin vont devoir prendre leurs dispositions pour s'assurer un surf
anonyme dans un pays où les cyber-dissidents passent leur temps à jouer à
cache-cache avec la police.
Car sur le terrain, où les événements sont en train de prendre une tournure fâcheuse.
Les premiers journalistes arrivés dans le centre de presse des JO, qui débuteront le 8
août prochain, se plaignent de ne pas pouvoir accéder à des sites d'information comme
celui de la BBC, de la radio allemande Deutsche Welle, ou des journaux de Honk Kong (
Apple Daily) ou de Taiwan ( Liberty Times).
« Pendant les Jeux olympiques, nous fournirons un accès à Internet suffisant pour les
journalistes », a indiqué Sun Weide, porte-parole du comité d'organisation des JO, cité
par l'AFP. Interrogé sur France Inter, mercredi 30 juillet, le président du comité national
olympique français, Henri Sérandour, s'est déclaré « sincèrement surpris. Je pensais que
cet engagement serait tenu. Car il avait été maintes fois confirmé au CIO [Comité
international olympique, NDLR] et à toutes les délégations qui se sont rendues à Pékin
avant ces JO ». Selon Henri Sérandour, le président du CIO, Jacques Rogue s'est saisi
du dossier et il négocie avec la Chine.
« Le CIO pris à son propre piège »
Pour RSF (Reporters sans frontières), « le CIO est aujourd'hui pris à son propre piège. »
« Sur ce dossier, nous sommes passés du concept d'accès Internet libre, à celui d'accès
Internet suffisant, explique Clothilde Lecoz, responsable du Bureau Internet et Libertés
de l'association. On nous affirme que les journalistes pourront trouver toutes les
informations qu'ils recherchent en ligne, mais on peut se demander en vertu de quoi les
autorités chinoises pourraient, par exemple, savoir ce que recherche un journaliste
allemand présent à Pékin à l'occasion des JO ».
En pratique, le pouvoir de Pékin craint par-dessus tout que la diffusion d'informations
par Internet (qui a déjà été à l'origine de récentes émeutes dans la province de Ghizou)
ne serve de relais à une déstabilisation politique du pays, ou ne ternisse tout simplement
l'image du régime.
Pour obtenir en 2001 le droit d'organiser les Jeux olympiques, Pékin s'était engagé à
faire des progrès en matière de droits de l'homme et de liberté d'expression. Dans un
rapport publié mardi depuis Hong Kong, Amnesty International souligne que Pékin
continue de « condamner à mort et d'exécuter chaque année des milliers d'individus, et
de recourir à la détention administrative arbitraire. Pour l'organisation, en agissant de la
sorte, les autorités chinoises ternissent l'héritage des Jeux olympiques ». Au même titre
que celui de la BBC, le site de l'Organisation de défense des droits de l'homme est
aujourd'hui inaccessible depuis la Chine.
« Ceux qui connaissent la Chine ne seront pas d'accord » avec ce document, a
commenté un porte-parole du ministère, Liu Jianchao, cité par Associated Press. Nous
espérons qu'Amnesty pourra enlever les lunettes teintées qu'elle porte depuis des
années pour voir la Chine d'une manière objective », a-t-il ajouté. En Chine, la parole
officielle est d'argent, mais le silence est d'or.
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